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Drôme

Émile ANDRÉ

« Jardinier à St Vallier et Soutien de famille contre mon gré »

Je suis né Emile Marius, le 20 Janvier 1898 à St Vallier dans la Drôme. Je suis le fils ainé de Adolphe Firmin et de Marie Mélanie ARGAUD.

La France est dirigée par Félix FAURE et les actualités du moment sont marquées par des révoltes en Algérie Française. De plus, une semaine plus tôt c’est à lui qu’Emile ZOLA adresse, le 13 janvier 1898, sa célèbre lettre ouverte « J’accuse … ! ».

Emile est un prénom très en vogue au XIXè siècle, héros de la littérature romantique.

Je vais à l’école à St Vallier ou j’apprends à lire et écrire.

Ma jeunesse, je la passe grand’Rue et Rue des bénédictins.

Je rêve d’espace et de voyage. La situation de St Vallier le long du Rhône voit passer dans la commune, les trains à vapeur sur le rail, les diligences, la malle poste et les premières voitures sur la route et les bateaux sur le Rhône. Comment ne pas rêver ?

J’aurais aimé poursuivre des études et « apprendre ». Les moyens de mes parents et peut être la tradition familiale en ont décidé autrement.

J’apprends donc les travaux des champs et ce sera une condition de Jardinier qui guidera ma vie comme mon père qui travaille pour le couvent St Joseph des soeurs de St Vallier.

Le 4 Aôut 1914, les cloches de l’église Saint-Valère sonnent. C’est la guerre ! J’ai 16 ans et je ne comprends pas ce que cela veux dire ! Ma soeur Marie Thérèse à presque 13 ans et mon frère Louis bientôt 5 ans. Mon père âgé de 46 ans ne sera pas mobilisé. Je dois cependant travailler pour aider la famille et permettre à mes frères et soeur d’étudier.

Emile à droite avec ses parents, sa soeur Marie Thérèse et son frère Louis.

Je serai recensé à Romans en 1917 pendant la guerre.

Mon service militaire durera 3 ans entre l° Mai 1917 et le 3 Juin 1920.

Intégré au 4° régiment d’infanterie pour une période de classe, je pars aux armées le 7 Octobre 1917 et je suis appelé au 3° régiment d’infanterie le 17 Juin 1918.

Je suis affecté au renfort de l’armée du Maroc à la fin de la guerre en Février 1819 puis rapatrié le 29 Avril 1920 et enfin renvoyé dans mes foyers le 3 Juin 1920.

Cette guerre m’aura permis de voyager et de comprendre la folie des hommes.

Ma soeur Marie Thérèse se marie le 6 Octobre 1922 à St Vallier. Je suis ton témoin de mariage :

Marie-Thérèse
c’est moi, Émile

Je me marie à 24 ans le 23 Juin 1922 à St Vallier avec Marthe REY, une fille de St Vallier âgée de 3 ans de plus que moi et qui habite non loin de la maison de mes parents Rue de Marseille (devenue Rue du Président Wilson).

Après le mariage nous habitons avec ma femme, chez mes parents, Rue des bénédictins.

Le 11 Juillet 1924 nait notre fille Elisabeth.

Je travaille dans le coteau de St Vallier dans la propriété tenue pas les soeurs. Je m’occupe des plantations, du verger et de la vigne. Je dois produire suffisamment pour contenter les soeurs. Combien de fois j’ai pesté contre elles considéré comme un simple domestique sans jamais la reconnaissance pour le travail accompli.

Le 19 Mai 1929 nait notre fils Michel. Après sa naissance nous déménageons avec nos enfants et mes parents Rue de la Maladière à Font Pierre en dessous du coteau.

La maison appartient aux soeurs et est située juste au dessus de la gare de St Vallier au pied du coteau. Les passages et les arrêts des trains rythme la vie du quartier.

Mon père décède le 29 Mai 1939 à Font Pierre.

Je participe à la seconde guerre mondiale en étant affecté le 5 Février 1940 au dépôt agricole d’artillerie 314 de Valence.

Le 7 Octobre 1944 ma fille Elizabeth se marie avec Jean LAFORGE.

Le 15 Août la famille avait l’habitude de se retrouver à Font Pierre autour de ma mère.

15 Août 1946 à Font Pierre

2 Juillet 1946, naissance de ma première petite fille Danielle.

Marthe et Emile avec Danielle LAFORGE

Le 28 Novembre 1949 ma femme d’une santé fragile décède à 54 ans à Font Pierre.

Ma mère devenue veuve est toujours très présente dans les affaires de famille. Assise derrière sa fenêtre elle regarde passer les trains, scrute les allées et venues du quartier et surtout les miennes. Dois je me justifier de mes déplacements ?

Le 22 Août 1952 mon fils Michel se marie à La Mulatière avec Thérèse COMIEN.

Je pars de St Vallier et je suis recensé en 1953 à Ste Foy les Lyon. Je suis jardinier dans une propriété au 97 Chemin de la Courtille.

Au parc de la tête d’or en 1958 avec ?

Ma mère décède le 15 Juillet 1960 à Font Pierre. J’ai 62 ans.

Ma retraite sans grand revenus se passera un temps à Vaise à la maison des petits frères des pauvres.

Je reviendrai à St Vallier pour y mourir fatigué par la vie, les idées divaguantes. L’hôpital sera ma dernière demeure et j’y décède le 29 Décembre 1977. Je repose au cimetière de St Vallier au pied du coteau dans la tombe familiale avec ma femme et ses parents.

Ma vie a été empreinte de travail, du respect des règles familiales, de fidélité sans aucune reconnaissance de mon entourage.

Ma descendance à mon décès se monte à 2 enfants, 6 petits enfants et 2 arrières petites filles. Je laisse le souvenir d’un grand père discret et aimant.

Voilà la biographie que mon grand père, le seul que j’ai connu, aurait pu écrire.